Décidément, je ne comprends pas, vraiment... Je rencontre une libraire (de nom) dans sa librairie (de nom) qui vend aussi des CD, DVD, télévisions... Vous savez ? C'est la grande famille qui possède au moins quatre magasins dans chaque ville...
Bref, je m'adresse à elle et voilà ce qui se produit :
"Vous avez dit Beatrice Alemagna ??? Connais pas !!! Pourtant ceux qui font des livres pour enfants, c'est mon rayon et je peux vous parler d'eux. Ils inventent de drôles de personnages, des animaux de préférence, qui deviennent des dessins animés diffusés tous les matins à l'heure du petit-déjeuner. Ou bien des doudous peluches pour chauffer le lit (ou encombrer le lit)... Dans mon magasin (oups !) librairie, presque tous les mois on trouve un de leurs nouveaux livres. Il travaillent beaucoup, c'est bien pour les petits qui en sont fous !!! Mais Beatrice comment ? Attendez, je vais regarder sur mon ordinateur..."
Chère Beatrice Alemagna, pourquoi ne vous trouve-t-on pas dans la catégorie "grand public" (commercial) ? Pourquoi ne dessinez-vous pas de petites bestioles qui ne veulent pas manger leur soupe ou faire pipi dans le pot (même s'il en faut) et pourquoi ne faites-vous pas de livres à tire-larigot ?
Pourtant, moi, je rêve d'avoir des baskets clignotantes avec Giovanni brodé sur chaque côté et surtout, le pare-soleil d'Oméga et l'ours à l'arrière de mon 4x4... On appelle cela des dérivés. Dériver comme un bateau sans barre ? Comme un livre sans pages ? Alors ???
Comment ?
Il faut être amateur de graphismes atypiques, d'histoires poétiques, de personnages attachants aux sentiments bouleversants pour vous connaître ? Il faut silloner les quatre coins du monde pour flâner dans vos nombreuses expositions ? Il faut aller au Centre Pompidou pour voir vos affiches inspirées ? Il faut parcourir les galeries ou librairies (les vraies) pour savourer du regard vos objets confectionnés ? Il faut patienter longtemps entre chacune de vos parutions, au gré de votre inspiration attachée à votre goût de la perfection ?
Chère Beatrice Alemagna, ne répondez pas...
Parce qu'en réalité, je vous apprécie pour votre qualité d'imagination rarissime, et loin de moi l'idée d'une quelconque quantité.
Parce qu'il y a auteur-illustrateur et ARTISTE. Comme dirait mon ami Yoda : "dans le deuxième groupe rester vous devez !!!"
Voilà pourquoi je suis heureuse de vous savoir l'invitée d'honneur du prochain festival du livre en Voironnais, un rendez-vous de qualité qui ouvre ses portes à l'immense talent d'Artistes comme vous.
On m'avait dit de présenter mon livre coup de coeur de Beatrice Alemagna, mais voilà, je n'en ai pas... Je les aime tous... Je préfère, pour clore cette scandaleuse lettre, donner la parole à trois de vos personnages qui me bousculent tendrement.
Jo singe-garçon (éditions Autrement) :
"C'est parce qu'on m'a obligé à ressembler à un vrai garçon. Mais je suis un singe..."
Karl Ibou (éditions Autrement) :
"Quelle barbe affreuse, quel ennui terrible, je ne veux pas sortir de mon lit ! Comment font les gens pour être heureux ?"
Je voulais une tortue (éditions Panama) :
J'adorais l'enmener partout avec moi. Ce qu'on aimait par-dessus tout, c'était se pencher par les fenêtres et imaginer que l'on s'envolait."
Réponse de Beatrice Alemagna envoyée par mail :
une bibliothécaire jeunesse qui assume ses mots
Patricia Bory
Réponse de Beatrice Alemagna envoyée par mail :
Chère Bibliothécaire qui assume ses mots, si je pouvais ne serait-ce qu'une fois vraiment arriver à vous faire sentir combien cette lettre m'a touchée, m'a fait rire et m'a émue, alors là, j'en serais heureuse.
Vous êtes unique et votre passion pour les livres est précieuse et fort impressionnante.
Jo, Oméga, Karl, Britta, Giovanni, Gisèle, Ugolin, tous les petits pous et moi-même, nous nous serrons en cercle et vous crions haut et fort : MERCIIIIIIIIIIII !!! Et puis encore BISOUUUUUUUUUUSSS et encore : IL NOUS TARDE DE VENIR VOUS VOIIIIIIIIRRRRRR !!!!!!!
